Conférence de Nicolas Baverez

Le mardi 7 octobre 2025, le lycée du Parc et sa Fondation ont inauguré leur cycle annuel « Les anciens témoignent » dans l’amphithéâtre du lycée. Invité d’honneur : Nicolas Baverez, avocat, essayiste et éditorialiste, ancien élève du Parc en « khâgne » (1978-1980), venu parler de « La France et l’Europe à l’âge des empires ».

D’emblée, l’orateur décrit l’effondrement des quatre piliers qui avaient fondé la reconstruction européenne : la garantie de sécurité des États-Unis, la menace soviétique remplacée par l’impérialisme de la Russie, la paix franco-allemande qui a laissé la place à un couple désuni, la fin de la paix fondée sur le droit et le commerce.

La France, souligne-t-il, est devenue l’homme malade de cette Europe vulnérable : démographie en baisse, croissance molle, déficit commercial record, dette publique doublée en 25 ans et désormais insoutenable. « L’accroissement du pouvoir d’achat a été obtenu par la croissance de la dette, mais ce modèle de décroissance de la production compensée par le crédit est désormais caduc. »

La France et l’Europe affrontent dorénavant la situation la plus dangereuse depuis les années 1930, prise en étau entre l’Amérique illibérale et prédatrice de Donald Trump, le dumping industriel de la Chine de Xi Jinping, la menace existentielle de la Russie de Vladimir Poutine.

le conférencier, le proviseur et les jeunes ambassadeurs de la Fondation

Le conférencier, le proviseur et les jeunes ambassadeurs de la Fondation

Nous sommes ainsi entrés dans un nouvel âge des empires, où « la force prime sur le droit » et où les institutions issues de 1945 (ONU, FMI, OMC) s’affaiblissent. Avec pour conséquence la clôture de trois cycles : le modèle de décroissance à crédit de la France ; le leadership par la norme de l’Union européenne ; la mondialisation qui éclate en blocs et laisse la place à une arsenalisation des relations économiques.

Mais tout est loin d’être perdu : « Les choses sont difficiles, mais le sursaut de la France et le réveil de l’Europe ne sont pas impossibles ». La France, « pays qui passe par des hauts et des bas vertigineux » (De Gaulle) a su rebondir par le passé, notamment en 1945 et en 1958, ou encore en 1983, avec le tournant de la rigueur. Et il existe aujourd’hui un momentum favorable à l’Europe du fait de l’instabilité radicale créée par Donald Trump aux États-Unis

Des atouts majeurs demeurent.  En France, la Ve République, le capital humain, l’épargne, le nucléaire, les infrastructures, le CAC 40, la culture et le mode de vie. En Europe, le grand marché, l’euro et l’État de droit. Ne manquent que la volonté et la stratégie.

Aux citoyens, donc, de réinventer des modèles adaptés à l’histoire universelle du XXIᵉ siècle et à l’âge des empires. En France, autour de la reprise de contrôle des finances publiques, de la réorientation de l’économie vers la production, le travail, l’investissement et l’innovation, de la réforme de l’État et du réarmement. En Europe autour de la compétitivité, de la souveraineté et de la sécurité.

Nicolas Baverez conclut sur une note d’espoir en citant Edmund Husserl qui, en 1935, soulignait que le plus grand danger pour l’Europe était la lassitude et que sa plus grande chance pour l’avenir était de rester fidèle à l’héroïsme de la raison, raison qui reste indissociable de la liberté.

 

Nicolas Baverez 7 octobre 2025